Dans son rapport 2011, l’indice de développement humain (IDH) du PNUD attribue à Haïti la 158e place dans son classement de 187 pays. Ce résultat signale une société à développement humain faible et met en lumière les déficiences d’un capital institutionnel et humain qui peine à assurer un développement vigoureux et soutenu de l’économie. Pourtant, un tel développement demeure un incontournable de la création de la richesse, elle-même un prérequis du progrès socioéconomique parce que pourvoyeuse de moyens à l’État, génératrice d’emplois pour toutes les couches sociales et réductrice de la pauvreté des plus démunis.

L’état des lieux est préoccupant. En termes réels, le produit intérieur brut (PIB) par habitant a enregistré une décroissance globale de 45 % environ sur les quatre dernières décennies du 20e siècle. Il a maintenu sa tendance à la baisse entre 2000 et 2006, avec une contraction annuelle moyenne de plus de 1%. Dans le même temps, l’économie subissait des taux d’inflation élevés ainsi que de forts déficits fiscaux (budget de l’État) et des comptes extérieurs. Le chômage et le sous-emploi affectent la majorité de la population. Avant même que le séisme d’il y a trois ans vînt empirer la situation, l’État haïtien n’avait pas les moyens de remplir ses fonctions régaliennes : plus des deux tiers du budget national dépendaient déjà de l’aide externe.

Quels sont les principaux attributs d’une situation nationale aussi complexe ? Dans son ouvrage collectif publié en novembre 2010, le GRAHN identifiait douze d’entre les défis les plus graves à caractériser l’état des choses dans le pays. Ces attributs révèlent la ruine d’une économie au déclin continu, surtout pendant les cinquante dernières années, et ce, malgré de rares moments de pâle éclaircie. Pour peu qu’on tienne compte du jeu des interactions entre les douze défis, on peut affirmer qu’ils représentent collectivement la résultante de l’anémie persistante de l’appareil productif haïtien, dont le taux de croissance annuel n’a que très rarement dépassé 5 % sur le dernier demi-siècle, et timidement encore. Une telle situation n’a pas manqué de susciter une réflexion exprimée, au fil des ans, dans de nombreux travaux et analyses destinés à éclairer la dure réalité socioéconomique d’Haïti. Malheureusement, ces efforts n’ont pas pu être utilisés de manière coordonnée et efficace pour déterminer et appliquer des solutions favorables au développement économique du pays et, éventuellement, à son développement humain.